Le groupe de travail thématique sur la politique linguistique au Maroc a appelé, mardi à Rabat, au renforcement du multilinguisme dans les politiques publiques, afin de consacrer l’ouverture linguistique et culturelle qui distingue l’identité marocaine.
Lors d’une séance plénière consacrée à l’examen de son rapport à la Chambre des Conseillers, le groupe a mis en avant l’importance que revêt cette thématique dans les politiques publiques du Royaume, dans le sillage des enjeux et défis liés au processus de développement au Maroc dans tous les domaines.
Dans ses recommandations finales, le groupe préconise le renforcement de l’enseignement des deux langues officielles, l’élaboration de programmes d’enseignement modernes et efficaces, l’évaluation périodique et la révision régulière de la politique linguistique pour garantir la réalisation de ses objectifs et son adaptation à l’évolution sociale et économique, outre la mise en adéquation des textes législatifs et réglementaires et des politiques publiques dans le domaine culturel avec les dispositions de la constitution dans le domaine linguistique.
S’agissant des recommandations sectorielles, le rapport insiste, en ce qui concerne le système d’éducation et de formation, sur la nécessité de la promotion de l’enseignement des deux langues officielles au sein des universités marocaines aux côtés des langues étrangères, en érigeant l’arabe en principale langue d’enseignement, et en dotant le personnel enseignant, de formation et de recherche, d’une solide formation linguistique. Pour ce qui est du système de justice, le rapport met l’accent sur la promotion de l’assistance sociale au sein des différentes juridictions du Royaume, ainsi que sur l’intégration de la langue Amazighe dans le processus de numérisation de l’administration judiciaire.
Dans le domaine des médias, le rapport du groupe de travail thématique recommande la mise en place d’un guide du lexique utilisé par les médias, l’adoption de l’enseignement de l’arabe et de l’Amazigh dans les établissements de formation aux médias, ainsi que le renforcement du contrôle du respect par les médias des cahiers de charges relatifs aux langues.
Intervenant à cette occasion, la présidente du groupe de travail thématique ad-hoc sur la politique linguistique au Maroc, Fatiha Khourtal, a indiqué que la question du pluralisme linguistique a été au centre de réunions fructueuses initiées par le groupe avec l’Institut Royal de la culture amazighe, l’Académie du Royaume du Maroc, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, et l’Institut d’études et de recherches sur l’arabisation, en plus de séances d’audition et d’interaction avec les divers secteurs gouvernementaux concernés par cette thématique.
Réagissant aux conclusions de ce rapport, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a affirmé que le gouvernement prend en considération la politique linguistique dans ses programmes, en tenant compte des défis liés à la préservation des composantes de l’identité culturelle marocaine, notant que “l’exécutif a développé un concept linguistique judicieux qui prend en compte la spécificité linguistique marocaine, dans le but de préserver cette diversité culturelle”. Il a, à ce propos, mis en exergue nombre de textes juridiques qui insistent sur le stricte respect de la diversité culturelle et linguistique au Maroc.
Pour sa part, le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, a passé en revue des réalisations accomplies dans le domaine de l’éducation nationale, mettant en avant l’importance qu’accorde le ministère à l’apprentissage et à l’enseignement des langues, et à l’adoption d’un concept éducatif qui repose sur la diversification de l’offre linguistique et le renforcement de la personnalité des élèves.
De son côté, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Abdellatif Miraoui, a indiqué que le gouvernement œuvre pour la promotion du multilinguisme à travers notamment l’adoption de huit filières de licence (en dehors du champ des arts et des lettres), la création de centres de certification dans plusieurs universités du Royaume, la formation de 489 professeurs au niveau universitaire, et l’équipement de salles multimédias dans les universités pour permettre aux étudiants de suivre les cours gratuitement.
Quant à la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, Ghita Mezzour, elle a relevé que son département a procédé à la création d’une direction pour l’utilisation de la langue Amazighe et à l’accompagnement de nombre de projets importants dans ce domaine, dont la promotion de l’accueil en langue amazighe dans les administrations centrales et décentralisées dans les régions du Royaume.
Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a relevé, lui, que la politique linguistique dans le domaine des médias repose sur des bases juridiques, citant notamment la loi 77.03 relative à la communication audiovisuelle qui engage les sociétés de communication audiovisuelle publiques à contribuer à la consécration des constantes du Royaume et au renforcement des fondements de l’identité nationale et de la cohésion sociale Des parlementaires à la Chambre des Conseillers ont, à cette occasion, souligné que le chantier de la politique linguistique au Maroc revêt une grande importance en raison de la diversité linguistique et culturelle qui caractérise l’identité marocaine, ce qui nécessite la déclinaison de cette diversité dans les politiques publiques dans tous les domaines de la vie publique.
MAP 16 Juillet 2024
Le renforcement de la coopération culturelle et créative au cœur d’entretiens entre M. Bensaid et Mme Dati
Les moyens de renforcer la coopération culturelle et créative entre le Maroc et la France ont été au cœur des entretiens, mardi à Rabat, entre le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, et son homologue française, Rachida Dati. S’exprimant lors d’un point de presse à l’issue de cette entrevue, M. Bensaid a souligné que les deux accords portant sur le domaine culturel et de l’industrie créative, signés lundi lors de la cérémonie présidée par SM le Roi Mohammed VI et le Président français, S.E.M. Emmanuel Macron, reflète l’importance que le Souverain accorde à ce domaine. M. Bensaid a ajouté que le Maroc œuvre à introduire de nouveaux métiers liés à l’industrie des jeux électroniques, dont le chiffre d’affaires mondial avoisine les 300 milliards de dollars, jugeant “indispensable” que le Maroc se fraie une place dans ce domaine. Le ministre a assuré que parmi les domaines de coopération entre le Maroc et la France, figure le cinéma, faisant savoir que des projets de coopération en la matière entre les deux pays verront le jour à Dakhla et à Ouarzazate. Pour sa part, Mme Dati a relevé que les relations culturelles entre la France et le Maroc se caractérisent par une amitié profonde et une confiance mutuelle, “reflet d’un partenariat stratégique entre nos deux nations”. Mme Dati a souligné l’importance de cette coopération, illustrée notamment par la signature de deux accords visant à encourager les échanges et à renforcer les secteurs des industries culturelles et créatives, notamment en matière de patrimoine, de cinéma, de livre, et de jeux vidéo. “Un des projets phares de ces accords est la future Cité du gaming à Rabat, qui ambitionne de faire du Maroc un acteur clé dans le secteur des jeux vidéo,” a-t-elle précisé. Ce cadre de coopération entend mobiliser l’expertise d’institutions françaises de renom, tels que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et l’Ecole ISART Digital, avec un soutien financier du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, a-t-elle précisé. “Nous partageons avec le Royaume la conviction que les industries créatives représentent un levier essentiel pour l’emploi, la croissance et le dynamisme de la jeunesse”, a dit Mme Dati, évoquant les projets ambitieux prévus en matière de patrimoine et de francophonie, tels que la création de la Cité internationale de production cinématographique à Ouarzazate et des résidences pour les cinéastes marocains en France. “À travers ces initiatives, nous renforçons notre engagement à promouvoir la diversité culturelle et à valoriser le dialogue” entre les deux pays, a noté Mme Dati, réaffirmant la volonté de la France et du Maroc de construire ensemble un futur culturel commun, au service de l’innovation et de la jeunesse. MAP 29Octobre