« Emotion » et « fierté », c’est dans cet état d’esprit que le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a pris part, jeudi soir au Grand Palais de la capitale française, à l’inauguration officielle du Festival du Livre de Paris 2025 avec le Maroc comme pays « invité d’honneur ».
M. Bensaid, qui s’exprimait aux côtés notamment de la ministre française de la Culture Rachida Dati et des organisateurs de cette grand-messe parisienne de la littérature, a exprimé sa grande fierté d’inaugurer le pavillon du Royaume du Maroc comme invité d’honneur du Festival du Livre, tout en se disant ravi de «le faire dans le cadre de l’amitié qui lie nos deux nations, une amitié régulièrement rajeunie, consacrée, et se projetant avec confiance et ambition dans l’avenir».
Vieille de plusieurs siècles, l’amitié entre la France et le Maroc « a toujours l’intensité des jeunes passions, étant fondée sur l’impondérable des langues, des mémoires, des récits partagés », a-t-il relevé devant un parterre de personnalités marocaines et françaises, issues de diverses sphères, culturelle, médiatique, politique ou encore diplomatique, avec en partage une action commune en faveur du renforcement des liens entre les deux pays.
« Nous avons en commun nos différences et nos pluralismes qui disent, dans des langues différentes, la même volonté de dialogue. Surtout nous avons en commun la francophonie, dans toute sa diversité, sa richesse, ses variétés », a souligné le ministre qui considère que le Festival du Livre de Paris, « plus que tout autre lieu et occasion, se devait d’incarner cette relation exceptionnelle qui fait pont entre les deux rives de la Méditerranée et les deux continents européen et africain ».
Placée cette année sous le signe de « la mer », le Festival est une autre occasion, à ses yeux, « pour honorer cet autre élément en commun entre la France et le Maroc : nos deux nations ont le rare privilège d’avoir la Méditerranée et l’Atlantique en partage ».
« La Méditerranée, foyer de nos origines, de nos racines et de nos mythes, et l’Atlantique, horizon de nos aspirations, de nos utopies, de notre avenir que justement, nos deux nations souhaitent le construire dans le cadre d’une vision large, ambitieuse, durable », a-t-il dit.
Le ministre a souligné à cet égard que le Maroc, sous l’égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, « s’est engagé dans une émergence résiliente et inclusive, dont la clef est la culture », partant de la conviction que « plus les ressources naturelles ou les flux financiers, ce sont les compétences, les imaginaires, le dialogue ininterrompu des mémoires et des récits, qui font les civilisations ».
Et d’ajouter que « le Maroc, résolument inscrit dans son environnement africain, et la France, forte de sa culture, de sa langue, de son savoir-faire culturel, peuvent construire ensemble une nouvelle utopie euro-africaine, un corridor nord-sud de prospérité, enraciné dans la culture et les industries culturelles et créatives ».
« A l’heure de la robotisation et de l’intelligence artificielle, la culture, qui est le propre de l’être humain, redevient la seule source de productivité et de richesse qui ne soit pas remplaçable. Et la culture c’est le livre », soutient le ministre qui considère que les industries culturelles et créatives (ICC), cinéma, jeux vidéo, musique, théâtre, design ou arts plastiques, en poursuivant l’essence même des arts, qui est de raconter et de se raconter des récits, « trouveront toujours dans le livre le foyer central d’où rayonne toute créativité ».
M. Bensaid a tenu à saluer à ce propos en particulier les éditeurs, imprimeurs, traducteurs, libraires, les mille et un métiers qui « font ce miracle quotidien qu’est le livre, et que nous souhaitons, plus que jamais, mettre au cœur de nos sociétés, de nos espaces publics, et pourquoi pas, au cœur d’une géopolitique à venir, humaniste et apaisée ».
De son côté, Mme Rachida Dati, a salué le choix du Festival du Livre de Paris d’accueillir en invité d’honneur un pays “cher” avec lequel “nos liens sont riches”: le Maroc, notant que cette année marque le point de départ d’”une ambition renouvelée” pour ce rendez-vous littéraire d’envergure.
“Cette ambition, c’est celle de transformer le Salon du livre en véritable Festival du livre. D’en faire, une fête tant pour les professionnels que pour le public qui vient, chaque année, nombreux, et de plus en plus jeune”, a affirmé Mme Dati.
Convaincue que “dans les temps incertains que nous connaissons, culture et lecture, sont des outils précieux au service de nos relations avec les pays étrangers”, la ministre a assuré que celles-ci “nous rapprochent plus qu’elles nous divisent, elles nous offrent la possibilité de se comprendre et donc de se respecter mutuellement”.
Pour sa part, le président du Syndicat français de l’édition (SNE) et du Festival du livre de Paris, Vincent Montagne, s’est dit très honoré de la participation “de nos amis marocains”, invités d’honneur de cette édition, pour fêter le livre et la littérature qui tissent des liens et favorisent le dialogue.
Le Maroc et la France, a-t-il dit, ont en commun “une forte histoire” et “partagent depuis des siècles l’amour de la poésie, de la littérature et du voyage”.
Il a, en outre, rappelé que “pas moins de quatre auteurs marocains ont reçu le plus prestigieux des prix littéraires français, le Goncourt”, à savoir “Tahar Ben Jelloun, Leila Slimani, mais aussi Fouad Laroui, Goncourt de la Nouvelle, et l’immense poète Abdellatif Laâbi, récompensé pour l’ensemble de son œuvre”.
Et de faire observer qu’au Maroc, la particularité des éditeurs est de publier en arabe, mais aussi en français. “Le Maroc est donc aussi l’un des piliers de la francophonie qui rassemble plus de 300 millions de personnes à travers le monde”, a-t-il dit, soulignant que “cette langue commune nous invite au partage et au voyage”.
Même son de cloche chez le directeur général du Festival, Pierre-Yves Bérenguer, qui s’est aussi félicité de la collaboration “fructueuse” avec le Maroc dans le cadre de cette édition.
“Nous sommes très honorés d’accueillir sa création littéraire foisonnante, ses autrices et auteurs de talent, ses acteurs de l’édition et plus largement la richesse de sa culture au travers d’une programmation qui fait écho à la transdisciplinarité initiée cette année en vous proposant cette fête du livre dans tous ses états”, a-t-il affirmé à l’adresse de l’assistance.
Vantant “la lecture comme une amitié”, la présidente de la région Île-de-France, hôte de l’événement, Valérie Pécresse, a souligné qu’il était évident de célébrer la littérature pour mettre à l’honneur “l’amitié profonde” qui lie la France et le Maroc qui sont aujourd’hui reliés par des ponts.
“Et ces ponts, ce sont nos livres, ce sont nos auteurs, ce sont nos lettres, ce sont aussi nos hommes et nos femmes politiques”, a-t-elle précisé.
C’est une mer qui lie la France et le Maroc, a-t-elle souligné, ajoutant que c’est aussi “un privilège d’avoir vu naître de son rivage des œuvres aussi marquantes pour notre patrimoine littéraire”.
Et de conclure que ce festival “est donc une célébration vivante de la lecture, à une époque où la lecture demeure un pilier de la culture, de la citoyenneté et du lien social. Et c’est un pilier que nous devons consolider coûte que coûte”.
A l’issue de cette cérémonie, qui s’est déroulée en présence notamment de l’ambassadeure du Maroc en France Samira Sitail, de l’ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès de l’UNESCO, Samir Addahre, du président du groupe d’amitié France-Maroc du Sénat, Christian Cambon, l’ensemble des convives ont été invités à visiter le Pavillon marocain, inauguré dans la foulée.
MAP 10 Avril 2025

Chambre des représentants : Adoption en Commission du projet de loi portant réorganisation du CNP
La Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants a adopté à la majorité, mardi, le projet de loi portant réorganisation du Conseil national de la presse (CNP), en présence du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid. Le projet de loi a été approuvé par 18 voix pour et 7 contre, sans aucune abstention. Lors de cette réunion, les membres de la Commission ont examiné 249 amendements portant sur l’ensemble des dispositions du projet de loi, notamment les dispositions générales, les missions du Conseil, sa composition, les modalités d’élection et de désignation de ses membres représentant les journalistes professionnels et les éditeurs, ainsi que son organisation administrative et financière. Au cours des débats, l’opposition, qui a soulevé la question de la désignation des éditeurs, a plaidé pour l’élection de ces derniers, estimant que celle-ci représente la forme la plus noble de l’exercice démocratique, alors que la désignation porterait atteinte à l’indépendance et au caractère démocratique du Conseil. Réagissant à cet amendement, qui a été rejeté, M. Bensaid a estimé que le choix de l’élection pour les journalistes professionnels et de la désignation pour les éditeurs est dicté par la nature de ces deux catégories, précisant que le mode de désignation constitue une forme de représentation fondée sur le consensus. Par ailleurs, 45 amendements ont été adoptés sur les 249 proposés, dont la suppression de la sanction prévoyant la suspension, pour une durée maximale de 30 jours, de la publication d’un périodique ou d’un journal électronique, telle qu’énoncée dans le neuvième chapitre relatif aux sanctions disciplinaires. Les groupes de la majorité ont, quant à eux, estimé que cet amendement s’aligne avec les orientations du Royaume en matière de liberté de la presse et d’expression. Plusieurs autres dispositions ont fait l’unanimité notamment l’article 68 relatif à la médiation et à l’arbitrage, qui fixe la durée de la procédure de médiation à trois mois, ainsi que l’article 82, qui précise les deux cas dans lesquels une plainte peut être immédiatement transmise par le président à la Commission de déontologie et des affaires disciplinaires. Réagissant aux diverses remarques des députés concernant les amendements présentés, M. Bensaid a salué l’approche participative adoptée lors de l’élaboration de ce texte législatif majeur, rappelant le contexte dans lequel s’inscrit ce projet, à savoir la nécessité d’assurer la continuité des travaux du Conseil national de la presse et de surmonter les obstacles ayant empêché la tenue des élections professionnelles dans les délais légaux. MAP